James Kern Remporte le Premier Chaudesaigues Award
Il est presque minuit en France et la journée de travail touche à sa fin pour Stéphane Chaudesaigues, célèbre tatoueur et bourreau de travail notoire. Il parle avec Tattoo magazine depuis son ordinateur par l’intermédiaire de Skype, avec à ses côtés, Cécile, la femme de sa vie, qui écoute attentivement notre conversation.
S’il est né à Versailles, la banlieue de Paris bien connue pour son légendaire palais royal, Stéphane a cependant grandi dans les années 60 et 70 dans un quartier beaucoup moins illustre de la ville. Il a vécu dans un environnement rarement propice à l’ascension sociale ou économique des gens. Peu importe, la passion de Stéphane pour le tatouage et sa détermination à devenir un jour un grand tatoueur allait paver la route de son futur succès.
Dans les années 90, cet artiste autodidacte est parti à l’aventure aux Etats-Unis pour montrer son travail sur le circuit des conventions Américaines et pour rencontrer toutes ses idoles. En même temps, Stéphane a pu se faire une idée plus précise de la valeur de son talent. En effet, ces premiers voyages lui ont permis de s’affirmer en tant qu’artiste. Il a ainsi gagné l’admiration des collectionneurs et le respect des tatoueurs Américains grâce aux tatouages photo-réalistes dont il est un pionnier. Ce style spectaculaire est né en partie de l’admiration qu’éprouvait Stéphane pour le travail des peintres Européens classiques. En 1995, Stéphane a ramené dans ses bagages le prestigieux trophée Artist Of The Year, décerné par la National Tattoo Association, assurant donc sa place au firmament des grands tatoueurs.
Après avoir pratiqué et perfectionné son art pendant trente ans, Stéphane a senti qu’il était temps pour lui de donner quelque chose au monde du tatouage qui s’était avéré si généreux à son égard. Il a donc décidé de diriger ses efforts vers la création d’une récompense qui mettrait en valeur et qui reconnaîtrait l’œuvre d’un artiste tatoueur, sa créativité et sa vision. Ainsi est né le Chaudesaigues Award, une récompense qui est décernée par un jury de spécialistes respectés et de professionnels de renom.
Le premier Award a récompensé l’œuvre et la carrière de l’Américain James Kern, et lui a été donné par nul autre que Shane O’Neill, lors de la convention Best Of The Midwest’ en Février 2012, à Council Bluffs, Iowa (voir encadré, page suivante). James a été choisi parmi 60 candidats venant du partout dans le monde. Stéphane Chaudesaigues explique que le ‘Cœur des Marguerites’ est un trophée très spécial et chargé de sens. La statue de bronze, de marbre et d’or représente l’amour que porte toute la famille Chaudesaigues à l’art, et ce depuis le XIXe Siècle, époque à laquelle Eusèbe, un ancêtre érudit de Stéphane, avait fondé un prix visant à récompenser des étudiants en architecture.
Aujourd’hui, Stéphane est de l’avis de beaucoup de ses collègues qui pensent qu’il est grand temps de recentrer le tatouage sur un axe plus artistique, et qu’il serait préférable de s’éloigner d’un certain genre de média (vous vous doutez duquel). « En tant qu’artistes, nous sommes des êtres à part entière ; des gens qui ont dédié leur vie à quelque chose d’authentique, à une activité qui devrait par-dessus tout demeurer pure et vraie. Je suis offusqué de voir de quelle façon la télévision parvient à manipuler notre image et l’exploite dans le seul but de vendre de la marchandise. Certes, elle fait de nous des vedettes du jour au lendemain, mais la mode passe très vite » raconte Stéphane. « C’est pourquoi j’ai tenu à effectuer un recentrage du tatouage vers les valeurs artistiques plus tangibles de notre noble profession. Je remercie donc Cécile, Shane, Nikko Hurtado, Boris Zalaszam, Andréa Afferni et tous les sponsors ont contribué à cet effort. »
Le prochain Chaudesaigues Award sera décerné à Naples en Italie, lors de la Tattoo Expo Napoli de Alex de Pase, les 28, 29 et 30 Juin 2013. Les candidatures sont ouvertes pour tous les tatoueurs intéressés ; il peuvent s’inscrire à www.chaudesaigues-award.com
—Ben Lamboeuf
Encadré
Né à Saint Louis, Missouri, James Kern de No Hope No Fear Tattoo Art Studio est le lauréat du premier Chaudesaigues Award. James est passionné d’art depuis l’enfance et avec son frère (lui aussi tatoueur), il a passé des heures et des heures à dessiner, sous l’œil toujours bienveillant de leur mère. James a ensuite suivi des études artistiques qui l’ont conduit à prendre des cours à Art Institute de Chicago, d’où il est ressorti en 1995 avec un diplôme de beaux-arts.
James a commencé à tatouer pendant qu’il était à l’école des beaux-arts et s’est entraîné sur ses camarades de classe. Lui aussi un tatoueur autodidacte, James a commencé sa carrière chez Milios Salon en 1996, avant d’aller travailler chez Rachel Gilbert de No Hope No Fear trois ans plus tard.
Le style unique de James a fasciné les membres du jury du Chaudesaigues Award. James était très ému par l’honneur qui lui a été fait. « Depuis que j’ai commencé à tatouer, je me donne toujours à fond. Je suis bouleversé par cet honneur. »
Dans la cadre de cet award, on a offert un stand gratuit à James Kern pendant la convention du Best Of The Midwest, un voyage d’une semaine pour deux à Paris et un séminaire de tatouage gratuit.
Photos fournies par Stéphane Chaudesaigues.